5 étapes pour une Communication Non Violente dans le couple parental

Published by Camille et Olivier on

Cette semaine, nous accueillons Aurélie, Psychomotricienne, rédactrice du site « Le temps des séquoïas » sur lequel elle partage sa vision sur la période périnatale et ses connaissances sur le développement psychomoteur de l’enfant et l’accompagnement à proposer lorsque des difficultés apparaissent.

Elle nous a proposé de vous parler d’un outil, d’une manière d’être et de penser, qui permet de prévenir et de désamorcer les conflits dans le couple parental : La communication non violente ou CNV.

Loin d’être une méthode miracle, elle demande un réel changement de penser et d’agir avec la personne partenaire du conflit. Car, oui, qui dit conflit dit relation. Le conflit est une manière d’entrer en relation. Ce n’est malheureusement pas la plus épanouissante ni la plus efficace pour obtenir ce que l’on veut, mais c’est une des méthodes les plus utilisées en cas de désaccord. Et dans le couple parental, il y a énormément de causes/raisons d’être en désaccord.

Ce texte a pour vocation de vous présenter une manière de faire plus susceptible d’arriver à avoir de la satisfaction pour les deux parties. Eh oui, une des grandes forces de la CNV (ou communication non violente), est d’arriver à satisfaire les deux parties, bye bye les rancœurs, domination ou déséquilibre dans la relation. Je précise que cette méthode peut également être utilisée dans les relations parents/enfants.

Communication non violente

Avant d’entrer dans le vif du sujet, j’aimerais vous rappeler quelques points qui me tiennent à cœur et qui vous aideront à mettre en pratique plus rapidement la Communication Non Violente :

  1. La réalité universelle n’existe pas, au mieux, nous pouvons partager des faits.
  2. Surtout ne jamais faire de suppositions, mieux vaut poser des questions pour vérifier que nous avons bien compris l’autre et que l’autre part sur les mêmes bases que nous. De la même manière, expliquer clairement son point de vue permet d’éviter les incompréhensions… ce qui est tout le propos de la CNV.
  3. Écoutez, apprenez, comprenez, faites votre choix conscient, éclairé dans votre respect et celui de l’autre.
  4. Les faits ne sont que des faits. C’est notre manière/choix de les interpréter qui leur donne leur saveur. Rien de ce qui vient de l’extérieur n’est personnel ! Tout ce qui vient d’autrui est un reflet de ses besoins, de sa réalité.

Bien, ceci étant dit, c’est parti pour la Communication Non Violente appliquée au couple parental :

 

Voilà la définition du Petit Robert sur le terme conflit « guerre ou opposition entre États » et pour le terme désaccord « fait de ne pas aller ensemble ». Or, tout l’art de la Communication Non Violente est de considérer le désaccord comme un moyen d’arriver à une meilleure harmonie entre les personnes et d’éviter le conflit. Si conflit il y a, pas de panique, la CNV va chercher les origines de cette guerre, ramener la situation au niveau du désaccord puis à la compréhension et la résolution du problème.

Comment, me direz-vous ? Voilà les étapes à suivre :

 

1. Quelle est mon intention dans cette situation ?

Communication non violente

Le terme « communication » suppose que l’on cherche à faire passer un message à quelqu’un(e). La première étape de la Communication Non Violente va donc être de savoir ce que je veux.

Est-ce que je veux me mettre en colère ? Avoir le contrôle ? Être plus fort(e) que l’autre ? Ou est-ce que je veux arriver à obtenir une résolution satisfaisante pour tout le monde de la situation ?

Cela passe par deux attitudes interconnectées :

  • expression véritable de ses besoins et émotions, ce qui suppose de les avoir bien identifiés
  • l’empathie, c’est-à-dire la compréhension des besoins et émotions de l’autre

Et voilà, vous savez tout sur la Communication Non Violente …

Vraiment, tout tient dans ces deux lignes. Tout l’article a pour but de préciser comment arriver à ces résultats, sans jugement ni exigence.

Il est très important que les différents points soient suivis par les deux partenaires du désaccord. Cela permet de partir sur des bases communes.

Dans le domaine qui nous intéresse ici, il s’agit de savoir quels sont mes besoins et émotions quand l’un de nous fait ceci ou cela. Et quelles peuvent être les émotions et besoins de l’autre à ce moment précis ? Comment pouvons-nous trouver une manière de faire qui comble tous ces besoins équitablement ?

2. Qu’est-ce qui ne me convient pas ?  « Quand tu fais (exprimez un fait) »

 

Il est primordial de réussir à identifier les faits exacts qui engendrent le désaccord. L’idée dans la Communication Non Violente n’est pas de chercher à savoir qui a tort et qui a raison, ce sont des concepts qui n’ont pas leur raison d’être. La CNV va chercher à créer une zone de référentiel commun. La force de cette méthode, c’est qu’une fois que le référentiel commun, une réalité commune, est instauré, alors il est très facile de trouver une réponse satisfaisante commune à la situation qui était auparavant problématique.

 

Dans le cas qui nous intéresse ici, cela pourrait être la manière dont votre partenaire éducatif se comporte avec les enfants. Exemple : « Quand tu autorises une chose que j’ai interdite… », « Quand je suis seul(e) à faire ceci ou cela… », « quand tu refuses de m’aider à… »…

Dans tous les cas, restez factuel ! Il nous est généralement bien difficile de ne faire qu’une observation factuelle des événements. Si notre partenaire entend dans nos paroles un reproche, il sera très difficile d’arriver à construire une zone de compréhension commune.

3. Qu’est-ce que je ressens vraiment en moi ? « je me sens (exprimez ici votre/vos sentiment(s))»

 

CNV et émotions

Les émotions, qui nous bousculent en temps de conflit sont en réalité des boussoles. Elles nous montrent le chemin de nos besoins. Merci les émotions !

Malheureusement, nous avons trop souvent appris qu’il était mal de ressentir – attention au vocabulaire, j’ai bien dit ressentir et pas être – de la tension, tristesse, fatigue, peur, confusion.

Il s’agit bien ici de sensations. Quand nous ressentons de la tristesse, nous ne nous transformons pas en tristesse. Si nous nous transformions en tristesse ou en peur, alors là, oui, nous pourrions dire que nous sommes triste. Or il n’en est rien. Nous ressentons de la tristesse, d’accord, mais notre Être reste fondamentalement le même, triste ou pas.

 

Attention ! Il s’agit ici d’exprimer un sentiment de soi, pas une accusation. Je précise. Si une personne dit : « Quand tu donnes aux enfants l’autorisation de regarder la TV, alors que je leur avais interdit (énoncé d’un fait ), je me sens trahie (énoncé d’un jugement). », elle exprime un sentiment de soi envers l’autre. Si par contre, elle dit « Quand tu donnes aux enfants l’autorisation de regarder la TV, alors que je leur avais interdit (énoncé d’un fait ), je me sens triste », il s’agit de l’expression d’un sentiment de soi uniquement. L’autre n’est pas accusé de trahison. L’autre n’est accusé de rien. Jamais. Sinon, il risque fort d’y avoir levée de boucliers et rupture des pourparlers.

 

Par quoi est aimantée l’aiguille de la boussole des émotions ? Par nos besoins.

 

4. Quel est mon besoin inassouvi ? « car j’ai besoin de (ici, évoquer clairement votre besoin inassouvi) »

Communication non violente

Les besoins sont nos moteurs dans la vie. Ils sont universels : être en relation, se sentir nécessaire, ce qui est nécessaire à ma survie, se sentir bien physiquement, émotionnellement et psychologiquement.

Remarque : l’inquiétude est le résultat d’un besoin inassouvi, ce n’est pas un ressenti ! Nous avons besoin de nous sentir en sécurité pour vivre heureux. De la même manière, l’amour est un besoin, pas un ressenti.

C’est surtout ici que nous allons pouvoir savoir si ce que nous disons est un jugement ou l’énoncé d’un fait. Il s’agit de savoir ce qui est important pour nous. Ce dont nous avons besoin pour que nos besoins soient satisfaits. Or, nous sommes les seuls à pouvoir répondre à nos besoins ! L’autre peut nous aider à avoir un environnement plus propice à la satisfaction de ces besoins, mais il n’est pas cause ni conséquence du résultat.

 

Si nous complétons l’exemple pris plus haut : « Quand tu donnes aux enfants l’autorisation de regarder la TV, alors que je leur avais interdit, je me sens triste, car tu ne me soutiens jamais. », le message passera beaucoup moins bien que dans la version : « Quand tu donnes aux enfants l’autorisation de regarder la TV, alors que je leur avais interdit, je me sens triste, car il est important pour moi de donner des limites claires aux enfants. »

 

Petite astuce : cette troisième partie de phrase doit toujours se faire avec un « je » ; si vous y mettez un «tu » , alors le reproche n’est pas loin…

 

5. Qu’elle est ma demande ? « serais tu d’accord pour que (énoncer ici une proposition claire d’action) »

Communication non violente

Énoncer une demande claire n’est pas toujours facile ; il s’agit ici, de faire part, au partenaire, de quelle action concrète vous lui proposez de faire ensemble pour que la vie vous soit plus belle. Pour tous les deux. J’insiste, il s’agit d’une proposition. Peut-être qu’en discutant vous allez trouver d’autres solutions qui conviennent mieux.

 

Dans l’exemple de cet article, ça pourrait être : « Quand tu donnes aux enfants l’autorisation de regarder la TV, alors que je leur avais interdit, je me sens triste, car il est important pour moi de donner des limites claires aux enfants. Accepterais-tu que l’on définisse ensemble à quels moments les enfants peuvent regarder la TV ? »

 

Ça y est ! Votre zone de référentiel commun est établie. Félicitations !

Maintenant, vous savez tous(tes) les deux comment vous vous sentez dans la situation que vous avez choisie. Vous savez également pourquoi vous avez ce sentiment, quel besoin n’est pas assouvi et quelle(s) action(s) vous permet(tent) de le combler… Enfin, ça, c’est ce que vous croyez.

Notre cerveau est fondamentalement génial ! Une des choses vraiment époustouflantes qu’il fait est de traduire le monde qui nous entoure pour nous le rendre plus facile à comprendre. Or, une des méthodes utilisées pour cela est la simplification. C’est-à-dire que notre cerveau va avoir tendance à interpréter les signaux pour qu’ils rentrent dans des cases préexistantes. Or, tout le travail de la CNV est de créer de nouvelles cases ; de trouver d’autres explications/raisons et solutions à un problème bien spécifique. Cela va perturber notre cerveau qui va avoir tendance à traduire le message du conjoint de façon à ce qu’il corresponde à nos attentes.

Par exemple, « Je me sens triste, car j’ai besoin de me sentir aimé » peut être traduit par le cerveau par « Tu es sans cœur et responsable de ma tristesse ». Il est donc très très important de s’assurer que notre message a bien été compris. Comment faire ?

  1. Demander à l’autre de reformuler ce que vous venez de dire avec ses propres mots.
  2. Demander à l’autre de formuler également ses ressentis et besoins face à la situation évoquée.
  3. Demander à l’autre si la solution que vous avez proposée lui convient, et si ce n’est pas le cas, si vous pouvez chercher une solution qui assouvirait les besoins de l’un et de l’autre de manière équitable.

Attention ! Il s’agit toujours de propositions. Si votre partenaire répond positivement à la solution que vous avez proposée uniquement pour vous faire plaisir, ou par peur des représailles, vous pouvez être sûr(e) que le problème va se représenter sous peu.

Petite explication sur le mot équitable. Je l’ai sciemment choisi. Il s’agit de voir ensemble ce qui vous rendrait la vie plus belle à tous les deux. Il se peut qu’en discutant et en comprenant les sentiments et besoins de votre partenaire, vous vous rendiez compte que ses besoins sont plus impérieux que les vôtres. Si je prends un exemple extrême « Je mets les enfants devant la TV, même si je sais que tu leur as interdit, parce que je me sens très fatigué et que j’ai peur de devenir agressif envers eux s’ils ne se restent pas calmes. » Dans cet exemple, il ne s’agit pas d’accepter la situation, mais de chercher, là encore, une solution qui pourrait convenir à tout le monde.

6. Pour conclure

Tout cela peut paraître compliqué à mettre en œuvre. Et au début, ça le sera peut-être, mais le bénéfice est tellement grand que je vous conseille vivement d’essayer. Prenez ça comme un jeu !

 

Il y a un peu partout sur le Net, des vidéos de Marshall Rosenberg, fondateur de la méthode, qui permettent de mieux comprendre et mettre en œuvre cette manière de communiquer. Vous pourrez aussi retrouver une liste des sentiments et besoins dans un PDF appelé « Memento CNV ».

 

J’espère que cet article vous apportera un peu plus de sérénité bienveillante dans vos familles !

 


1 Comment

"Être" ou ne pas "être" ou comment communiquer sans étiqueter ?!? · 24 septembre 2021 at 15 h 32 min

[…] Communication non violente dans le couple parental […]

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