Différence d’éducation dans le couple, comment faire ?

Published by Camille et Olivier on

Nous laissons aujourd’hui la parole à Patricia, qui nous parle d’un sujet délicat : lorsque les choix éducatifs des deux parents ne sont pas en adéquation !!

Je m’appelle Patricia MARIE-ANGELIQUE, je suis consultante en parentalité et coach de couple. J’anime également des ateliers de parents, et des ateliers pour enfants.

J’adore le sport, rire et la musique 🙂

Venez découvrir de nouvelles astuces à travers mon blog famille-et-couple-heureux.com ainsi que ma chaine YouTube Famille Et Couple heureux.

Par conviction, vous avez choisi la parentalité positive et non-violente pour éduquer votre enfant. Mais ce choix ne passe pas auprès de votre conjoint ou conjointe. Ou il ne l’applique pas. Pire : cela crée des tensions très fortes entre vous. Alors, qu’est-il possible d’envisager dans pareil cas ? Que faire si votre méthode d’éducation diverge de celle de votre partenaire et que cela engendre un conflit entre vous deux ? Comment le persuader du bien-fondé de votre méthode ?

Contrairement à votre choix d’opter pour la parentalité bienveillante et non-violente, votre conjoint a tendance à faire preuve, dans certains cas, de violence verbale et parfois même de manifestations de violence physique envers votre enfant. Il s’énerve, il crie, il n’explique pas et quand il est à bout, peut par exemple même mettre une claque.

Dans ce cas, comment agir pour lui faire prendre conscience de ses méthodes et essayer de les bouleverser ?

Comment faire lorsque mon conjoint(e) ne veut pas pratiquer la parentalité positive ! ?

A l’origine

Il est important de trouver l’origine d’une telle violence.

 En apparence, il ou elle semble fermé au concept de bienveillance. Vous pouvez ne pas partager les mêmes concepts que d’autres personnes de votre entourage concernant la non-violence et la parentalité positive. Chacun a son propre concept de ce que doit être l’éducation. Sauf que… Il ne s’agit pas d’une simple idée.

En vérité, ce n’est pas une opinion mais une construction du cerveau de la personne qui utilise la violence verbale, car elle n’a pas d’autre solution. De son enfance, de ses expérience, pour le moment, il ne sait pas faire autrement. Dans ce cas, une explication, une justification, une menace, n’auront aucun effet. Ce qui est nécessaire à ce moment-là, c’est de ne pas juger votre conjoint, de le soutenir, de l’accompagner, avec la même bienveillance qu’on essaie d’appliquer à notre enfant dans son éducation.

Même attitude de respect qu’avec son enfant

Avec cette attitude de respect, nous pouvons faire évoluer les choses et peut être travailler en profondeur sur ces comportements violents avec l’enfant. De la même manière que nous essayons, de manière positive, d’apprendre à notre enfant de nouvelles compétences pour être mieux armés, nous allons enseigner une nouvelle compétence (éduquer sans s’énerver, sans crier) à notre conjoint. Ainsi, il aura une réponse pour réagir.

Une étude scientifique a montré que dans certains cas, lorsqu’un parent voit son enfant pleurer ou même réclamer d’être pris dans les bras, ce n’est pas le cortex préfrontal qui est sollicité, donc peu d’ocytocine produite, mais c’est bien le circuit du stress qui se met en branle. Pourquoi ? Parce que si dans sa propre enfance, quand il y avait une émotion quelconque, le parent n’a pas reçu d’amour, d’affection ou les bons gestes mais d’autres plus dommageables (coups, humiliations, cris). S’il y a eu exclusion ou rabaissement, si ses parents eux-mêmes faisaient preuve de violence, ses récepteurs à ocytocine ne se sont pas développés correctement. En revanche, son circuit de stress lui fonctionne à plein régime. Et plus il fonctionne, moins il est possible de contrôler ses pulsions violentes.

Rappelez-vous ceci : si votre conjoint fait appel à la violence, c’est qu’il n’a pas les solutions pour faire autrement.

Pour aller plus loin, cliquez ici pour découvrir l’importance de guérir son enfance.

 S’interposer pour « protéger » son enfant peut-il être source de conflit ?

Cela peut-être en effet la source de conflit. Par exemple, si vous n’avez pas pu vous retenir et que vous vous êtes mis au milieu. Vous aviez de bonnes raisons de le faire mais sachez que votre intervention revient peut-être, pour votre compagnon ou compagne, à mettre en doute son autorité, à montrer que vous ne lui faites pas confiance.

Aussi, il peut vous accuser d’être un parent poule, qui intervient tout le temps et qui laisse tout passer à l’enfant. Qui manque d’autorité. Inconsciemment, il ou elle peut avoir le sentiment que vous vous êtes ligué avec l’enfant, contre son autorité. Ce sentiment ne sera pas constructif.

Est-il possible d’intervenir et d’amorcer un renversement de la situation ?

 Dans l’urgence, dans la crise, votre intervention peut être mal à propos, voire maladroite. Vous voulez bien faire les choses, mais vous tâtonnez. Vous pouvez perdre le contrôle, hausser la voix, accuser. En faisant ça, vous lui portez fatalement un coup. Donc vous l’énervez encore davantage.

Conséquence ? Chacun campe sur ses positions, on ne prend pas la peine de s’intéresser à l’opinion de l’autre et à savoir pourquoi il a agi comme ça, on ne parle pas. Que faire alors pour plus d’efficacité si on souhaite intervenir ?

Par quoi commencer ?

 Stopper la réaction excessive de votre partenaire et contourner l’obstacle “dispute entre parents”.

Ne dites pas à l’autre “Laisse-moi agir” par exemple, car quelqu’un qui est sur les nerfs et dans la frustration peut mal comprendre cette phrase. Dites plutôt “Je vois bien que tu aurais voulu que notre enfant fasse ci, ou ça. Je vais m’en occupé(e) si tu le veux bien.”

Choisir le bon moment

 Prenez l’option discussion, a posteriori. Le moment doit être bien choisi, après la crise passée. Il ne faut pas être sur la défensive pour pouvoir mener à bien une vraie conversation qui a du sens et qui portera ses fruits. Lors de cette discussion, dites-lui ce que vous n’approuvez pas sa méthode d’éducation trop agressive. Mais attention à votre façon de faire.

Vous voulez le meilleur pour votre enfant, vous devez donc veiller à ce que son éducation soit faite le mieux possible. Demandez un changement directement et arrêtez de ressasser. Car si vous ruminez trop, ce sera négatif pour l’enfant, mais aussi pour votre couple, car les non-dits et les ressentiments qui se cumulent pèsent lourd.

 Comment lui parler sans déclencher une crise entre vous ?

 Parlez de son mode d’éducation, ne parlez pas de lui ou d’elle. Ne dites jamais “tu as été trop ceci, tu fais trop cela. Tu dois changer”. En incriminant, vous ne gagnerez rien du tout, car l’autre va se sentir observé dans le mauvais sens du terme, va comprendre que vous lui dites qu’il est un mauvais parent et que vous, vous êtes au-dessus en terme d’éducation. Vous allez l’agresser inutilement et couper la tentative de parler librement des choses.

 Pour commencer, demandez à discuter en toute neutralité. Puis, en lieu et place des reproches, tentez l’approche douce. “Punir notre enfant pour qu’il fasse ceci ne mène à rien”, “Crier sur notre enfant dans cette situation n’est pas une solution”. Au lieu de commencer les phrases par la deuxième personne du singulier, mettez des actions.

 Discussion entre adultes sans reproche

 Évitez les “tu qui tuent”, les reproches acerbes, et ouvrez-vous sur votre ressenti. Parlez de vos craintes quant à cette méthode d’éducation par exemple.

Expliquez que vous comprenez la frustration de votre conjoint face à certaines situations, notamment si elles sont récurrentes, tout en reconnaissant que tant de colère ou de frustration vous font peur. Reconnaissez que vous savez que telle ou telle situation est difficile à accepter, mais que vous avez peur qu’une réaction trop violente ait des conséquences sur l’enfant. Dites si cela vous rend triste, si cela rend l’enfant triste.

 Il peut réagir en vous expliquant que sa méthode est bonne, qu’ainsi l’enfant va intégrer les choses et que l’autorité enseigne l’obéissance, apprend à être attentif.

Mon mari pointait régulièrement son index, en tapotant fortement sur la tête de nos enfants en disant : « mais qu’est-ce qu’il y a dans ta petite tête ». Sous-entendu, pas grand-chose. Cela me mettait hors de moi. Après de nombreuses disputes qui ne menaient à rien, j’ai changé ma façon de faire et de dire, et maintenant il a complétement perdu cette habitude. Votre comportement peut réellement aidé votre conjoint(e) à comprendre et pratiquer l’éducation positive.

Ce que vous pouvez faire

Répondez alors que vous n’êtes pas d’accord avec cette théorie et que l’agressivité n’est pas une réponse à tout. Que l’enfant sera attentif, mais pas à la chose qu’il doit faire, plutôt au fait qu’il peut déclencher la colère du parent. Demandez-lui si vous voulez que son enfant le craigne. Si vous voulez qu’il perde confiance dans ses capacités. Expliquez que vous voulez que votre enfant ait un parcours différent du vôtre ou de celui de son autre parent, en ayant plus d’estime de soi. Demandez-lui s’il comprend vos craintes.

 Enfin, expliquez lui que vous n’attendez pas de lui qu’il devienne un spécialiste de la bienveillance en tant que parent. Mais vous pouvez poser avec lui certaines limites. “Même dans telle ou telle situation, j’aimerais si tu es d’accord que nous n’ayons plus recours aux baffes, aux tapes sur les fesses, aux cris. Serais-tu d’accord ? Si sur le moment, tu n’y arrives pas, peut-être peux-tu me laisser m’occuper de la situation pendant que tu vas te vider la tête dehors dix minutes.”

 Cet exemple n’est qu’une mise en situation parmi d’autres et votre conjointe ou conjoint peut bien entendu réagir différemment. Mais reste que vous ne devez pas vous montrer trop autoritaire, trop rentre-dedans dans vos arguments. Évitez la montée du conflit, car la communication serait stoppée et aucune amélioration ne pourra être apportée. Quand on parle de son ressenti, cela veut aussi dire que l’on est prêt à s’ouvrir et à écouter, à laisser entrer le changement.

 Pensez enfin que si votre enfant est une éponge quand on n’est pas bienveillant avec lui, il peut aussi vivre très mal le fait que ses parents soient en conflit à propos de lui.

Le rôle de l’ocytocine

La réaction de votre conjoint(e) face aux colères de votre enfant est provoquée, comme je vous le disait plus haut, par le manque d’ocytocine produite. Cela provient en général de l’enfance que nous avons vécu. Sans aucun jugement sur le passé de chacun, la bonne nouvelle est que cela se répare et l’on peut inverser le processus. Prenez le plus possible votre conjoint(e) dans vos bras, serrez-le, faites-lui des câlins. Son cerveau au fur et à mesure apprendra à produire plus d’ocytocine. Il pourra par la suite réussir à être plus tolérant, plus doux, plus à l’écoute et plus patient avec votre enfant. A chaque situation propice pour vous, faites-vous le maximum d’étreintes, profitez de ces moments pour renforcer ce lien qui vous unit. Ce soutien dans votre relation, permettra à votre conjoint(e) d’accéder plus facilement à un lien de cœur à cœur avec votre enfant.

La différence d’éducation est une cause de nombreuses disputes dans le couple. Ce sont des périodes difficiles ou la patience est source de réussite. Les câlins et étreintes que vous vous prodiguerez permettront de garder un lien entre vous, en attendant que la situation vous convient à chacun.

 J’espère de tout cœur que ces conseils vous aideront à vivre pleinement une éducation bienveillante dans votre famille et vivre ensemble une parentalité positive.

Patricia


5 Comments

Eirene · 3 juillet 2019 at 21 h 14 min

Wah! Super article ! J’ai appris beaucoup des choses que j’essayerais d’appliquer. En effet c’est un sujet complexe chez moi. Et en plus je ne suis pas parfaite dans mon éducation bienveillante car moi aussi je travaille énormément pour y arriver…
Mais les pistes données ici sont géniales et rejoignent des méthodes que j’emploie pour guérir moi-même.
Merci énormément pour cet article si riche en information !

latifa · 27 juillet 2019 at 9 h 42 min

Bonjour
Magnifique article comme je les aime avec des solutions à mettre en place et qui explique bien la problèmatique. Je vais mettre en application car je suis dans le cas décrit.
Merci beaucoup.

Institutrice · 12 août 2019 at 12 h 16 min

Je pense que c’est terrible pour un enfant de vivre la différence et surtout la divergence d’éducation. Merci pour le partage.

karima · 6 octobre 2019 at 9 h 35 min

merci pour le partage

karima · 6 octobre 2019 at 9 h 36 min

merci pour le partage

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