Comment mettre en place la recherche de solution dans votre famille ?

Published by Camille et Olivier on

En parentalité bienveillante, il y a peu d’outils aussi utiles que celui de la recherche de solution.

Parfois je me dis même que si tout le monde maîtrisait la démarche de la recherche de solution, les relations humaines seraient plus faciles.

 

 

L’objectif est de s’éloigner des luttes de pouvoir, pour entrer vraiment dans une démarche active et partagée et essayer de trouver une solution qui convienne à tous.

Je me rends compte que cela ne correspond pas du tout au modèle que nos enfants reçoivent dans les cours de récréation, et cela m’attriste. Je ne renonce pas pour autant et cherche à diffuser cette idée autant que possible.

 

En fait, il existe trois manières de résoudre un conflit, la force est l’une d’elle. Ici, je voudrais vous parler plutôt de recherche de consensus, ou au moins de compromis.

Car, plus on avance sur le chemin de la parentalité positive, et plus on s’aperçoit que la conséquence, si elle est parfois nécessaire, n’est vraiment pas l’outil le plus utile et le plus respectueux.

 

Thomas Gordon a d’ailleurs une idée bien arrêtée sur la question : il considère carrément que la conséquence n’a pas sa place dans la relation d’éducation.

Moi qui, comme vous, chemine encore, je dois dire que je fais encore appel à la conséquence, lorsque je trouve cela nécessaire par rapport à des actes qui se répètent, et que je n’arrive pas à aborder autrement.

 

Cependant, l’outil à privilégier, celui qui nous permet réellement d’avancer, d’apprendre, de respecter l’autre, est clairement la recherche de solution

 

Qu’est-ce qu’une recherche de solution ?

Une recherche de solution, c’est une démarche qui consiste à s’asseoir avec l’autre, en l’occurence notre enfant, pour essayer de trouver ensemble une solution à un problème qui se pose.

Cela veut dire qu’au lieu d’imposer notre façon de voir les choses, nous entrons dans un mode collaboratif, dans lequel on va laisser chacun s’exprimer pour réussir à trouver une solution au problème.

C’est une démarche qui est incroyablement puissante, puisque non seulement elle amène plus probablement à la solution, mais en plus, elle enseigne au passage à nos enfants qu’il est possible de fonctionner comme cela. Que l’on n’est pas obligé d’imposer ses limites, qu’on peut les communiquer, et prendre celles de l’autre en considération également.

 

Et dans bien des cas, on va trouver une solution qui convienne à tous.

 

Les étapes de la démarche de recherche de solution

Cette démarche-là n’est pas un secret, on la retrouve chez beaucoup d’auteurs référents de parentalité bienveillante (Faber et Mazlish, Jane Nelsen, Thomas Gordon, Elizabeth Crary…).

 

Les étapes sont les suivantes :

1- Ecouter les sentiments et les besoins de l’enfant

2- Exprimer nos propres sentiments et besoins

3- Suggérer des idées – Brainstorming

4- Choisir la solution que l’on va mettre en place et le temps d’essai

5- Le suivi

 

Entrons plus en détails dans chacune de ces étapes pour que cela soit clair.

 

1- Ecouter les sentiments et les besoins de l’enfant

Avant d’entrer dans une démarche de recherche de solution, il faut d’abord se connecter à notre enfant.

Les étapes 1 et 2 sont celles qui nous permettent de nous connecter.

Essayer d’entrer dans une démarche de recherche de solution en allant directement à la recherche d’idées après l’exposé du problème risque fortement d’échouer.

Parce qu’avant de se sentir impliqué dans la recherche de solution, chacun a besoin de se sentir écouté.

Nous passerons donc le temps nécessaire à écouter notre enfant, savoir ce qu’il ressent.

Cette étape nous permet de comprendre ce qui est vivant en lui (en adoptant les oreilles girafes suggérées par la CNV – communication non violente).

 

Il est fondamental de s’abstenir à ce moment-là de tout jugement ou commentaire. Le but est seulement de bien comprendre ce qui se joue pour notre enfant. Nous allons le laisser parler.

 

S’il est trop jeune pour s’exprimer, nous pouvons également essayer de lui dire ce que nous pensons qu’il se passe pour lui.

 

2- Exprimer nos propres sentiments et besoins

A notre tour, nous allons donner l’opportunité à notre enfant de comprendre ce qui se passe en nous. Là encore, cela nous permet de nous connecter à lui.

Si nous avons bien mené la première étape, notre enfant sera à l’écoute. Nous aurons donc l’occasion de poser nos limites. Lui dire ce qui ne nous convient pas dans la situation.

Attention cependant : cela doit être fait sans jugement sur ce qu’il fait, mais bien en parlant de ce dont nous avons besoin nous.

Pour bien l’exprimer, il est parfois utile d’avoir passé un peu de temps auparavant à réfléchir à ce qui nous posait réellement problème, pour ne pas lui en mettre la responsabilité sur les épaules, mais l’exprimer de façon juste.

 

3- Suggérer des idées – Brainstorming

Maintenant que la connexion a été faite, c’est le moment de passer à la suggestion d’idées.

 

Dans cette étape, toutes les idées sont bonnes à prendre, et seront notées sans commentaire.

Cela peut même être des idées drôles et folles.

Noter les idées permet de toutes leur donner de l’importance.

 

Le mieux est de laisser l’enfant commencer à suggérer, si c’est possible. Il se sentira plus libre, et moins intimidé, s’il n’est pas déjà guidé par l’une de nos idées.

 

4- Choisir la solution que l’on va mettre en place et le temps d’essai

C’est enfin le moment d’identifier les solutions qui peuvent être mises en place et celles qui ne le peuvent pas.

Certaines seront facilement éliminées, d’autres permettront de re-préciser les besoins de chacun.

Lorsque l’on se met enfin d’accord sur une solution, on définit un temps d’essai de la solution.

 

Note : Si les enfants sont jeunes, il sera utile de mettre en place un signe physique qui leur permette de garder en tête la solution suivie.

Un exemple : nous avions un problème avec le fait que notre plus jeune ne terminait pas son bol de céréales le matin. Nous ne voulions pas le forcer à le terminer, mais ne voulions pas non plus accepter le gâchis. Comment lui apprendre à moins se servir ?

Il a été décidé que le bol non terminé irait au frigo pour être resservi le lendemain matin.

Seulement, Anatole oubliait régulièrement qu’il avait un bol au frigo ! Nous avons donc ajouté un dessin sur le frigo pour le lui rappeler, et tout a été beaucoup plus simple…

 

Il est important de ne pas oubli que cette démarche est un apprentissage, que la solution peut nécessiter d’être affinée, ou bien qu’elle se révélera différente à l’usage..

D’où l’intérêt de l’étape suivante.

 

5- Le suivi

Cette étape, qui semble parfois superflue, ne l’est absolument pas ! Elle donne au contraire une vraie profondeur la recherche de solution :

c’est bien une recherche, c’est un tâtonnement, et les solutions peuvent être remises en question.

Il s’agit donc de vérifier que ce qui a été mis en place fonctionne, et convienne à tous.

 

Attention : le suivi demande du temps.

Si plusieurs points sont à régler dans une maison (la préparation du matin, la tenue à table, et le nettoyage de la salle de bain, par exemple), il convient donc de ne pas s’attaquer à tous à la fois. Car mettre des solutions en place sans en faire le suivi ne permettrait pas de réellement identifier un fonctionnement qui fonctionnera sur la durée.

Il vaut mieux dans ce cas s’atteler à un des problèmes, puis, lorsque les choses progressent, et que la famille a vu qu’elle était capable de trouver des solutions, aborder le suivant.

 

Il n’est pas possible de tout faire à la fois.

La limite sera donc dans le suivi que l’on est capable de mettre en place derrière.

 

Ainsi, après le temps que l’on s’est donné pour tester la solution, on revient sur la période d’essai, et on discute de la manière dont cela s’est passé. La solution a-t-elle fonctionné ?

Si oui, le savourer ; si non, chercher ce qui a rendu les choses difficiles.

De nouveau, il n’est pas question ici de juger et de culpabiliser, chaque pas est à saluer, et peu à peu, vous allez apprendre à marcher ensemble !

Dans tous les cas, la solution doit-elle être changée, ou nécessite-t-elle un ajustement ?

Si tout est validé, on peut savourer le fait qu’on ait été capable de trouver une solution !

 

Les cas où la démarche de recherche de solution s’interrompt de manière anticipée

Il se peut que l’on ne passe pas par toutes ces étapes.

Je vous donne deux exemples, très différents.

 

Parfois, après les deux premières étapes, la simple prise en compte du point de vue l’autre fait disparaître le problème, la solution apparaît d’elle-même. Nul besoin alors d’aller plus loin. On peut s’interrompre.

 

A l’inverse, parfois, les positions de départ sont tellement éloignées, que la recherche de solution ne mène à rien. Impossible de trouver une solution qui convienne à tous. L’étape 4 ne fonctionnera donc pas. Et cela peut re-basculer dans une lutte de pouvoir.

Dans ces cas-là, il ne faut pas hésiter à s’interrompre.

On peut par exemple dire :

“J’ai l’impression que cette conversation ne se déroule pas comme elle le devrait, je propose qu’on s’arrête là pour l’instant, et on la reprendra à un autre moment.”

Il vaut mieux en effet s’arrêter et laisser les esprits se calmer.

Rien que le fait d’en avoir discuté et d’avoir soulevé les choses permettra à chacun d’avoir une autre perspective pour la fois suivante où le point sera abordé.

Ayez confiance en la démarche !

 

 

L’investissement en temps

On me fait parfois la remarque que pour pouvoir faire ça, il faut avoir du temps.

Et c’est vrai, au moment où l’on s’assied, où l’on écoute chacun, où l’on discute pour avoir des idées, il faut du temps.

 

Cependant, il ne faut pas beaucoup plus de temps que celui que l’on passe déjà à se disputer autour de la situation…

Parce que la démarche de recherche de solution répond souvent aux cas de conflits répétitifs qui nous prennent déjà énormément de temps et d’énergie !

 

D’autre part, le temps que l’on passe à la recherche de solution est un vrai investissement.

C’est ce temps-là qui nous évitera d’en passer plus ensuite dans les rappels quotidiens…

De plus, à encore plus long terme, on développe l’enseignement d’une démarche qui est hyper utile, pour nos enfants comme pour nous, et qui nous servira sur d’autres points que sur le point abordé !

C’est donc un double investissement !

 

Et vous, avez-vous des récits de recherches de solution qui ont fonctionné ?


3 Comments

Chang ParentaliteZen · 18 décembre 2018 at 13 h 17 min

Excellent rappel, écouter les idées des enfants peut être très puissant. Ils ont parfois des idées auxquelles on ne pense pas. La discussion permet parfois aussi de comprendre quel est le réel problème (pour nous ou pour notre enfant).

Pour fluidifier la discussion, je trouve que le livre de Faber et Mazlish est un must. Il nous apprend à faire preuve de plus d’empathie.

Il y a d’ailleurs un résumé entier ici pour ceux que ça intéresse : https://www.parentalitezen.com/parler-pour-que-les-enfants-ecoutent/

Ce livre a bien changer ma manière de communiquer (et pas qu’avec les enfants).

Zoe · 15 février 2019 at 11 h 10 min

Bonjour,
Article intéressant ! Les conflits familiaux sont inévitables. Perso, je trouve que la meilleur alternative efficace à la punition, c’est de trouver des solutions ensemble. Il faut donner l’exemple et montrer à nos enfants comment surmonter les conflits

Lena · 26 février 2019 at 14 h 27 min

Salut,
Avec mon mari, nous avons souvent du mal à trouver des solutions lorsque notre fils fait le têtu. Je suis sûre que ton article nous sera très utile. Merci pour ce partage.
A+

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