
Trop souvent, la colère est perçue comme quelque chose de « mauvais », de « dangereux », surtout dans notre rôle de parent. On nous apprend à la taire, à la contrôler, à faire bonne figure pour ne pas « perdre le contrôle ». Mais la colère n’est pas un défaut. Ce n’est pas un échec parental ou quelque chose à éradiquer de nos vies.
C’est une réponse corporelle. Une alarme intérieure. Un signal de survie.
La colère n’est pas une ennemie, c’est une force de vie
Selon Peter Levine, fondateur de la Somatic Experiencing, les émotions – et notamment la colère – naissent dans le corps. Elles sont là pour nous protéger, pas pour nous nuire. La colère nous traverse pour nous mettre en mouvement lorsque notre intégrité est menacée.
Elle dit :
- “Stop, là c’est trop.”
- “Je ne suis pas respectée.”
- “Je me sens envahie, ignorée ou en danger.”
La colère est donc une force de vie.
Elle vient soutenir notre capacité à poser des limites, à dire non, à choisir ce qui est juste pour nous. Ce n’est pas elle qui fait mal, c’est ce que nous faisons quand nous ne savons pas l’écouter et l’exprimer, pas la contenir, pas la traverser.
Ce que la colère nous enseigne
Lorsqu’on la réprime, la colère peut devenir tension chronique, douleur, fatigue, violence, voire même tristesse profonde ou figement.
Lorsqu’on la projette sans conscience, elle devient injustice et peut blesser nos enfants, nos proches, nous-mêmes.
Mais lorsqu’on apprend à l’accueillir dans le corps, à la sentir sans la juger, à l’écouter sans s’y identifier, alors elle nous guide. Elle nous parle des endroits où nous ne sommes plus en sécurité, plus à notre place, plus alignée.
Elle peut nous dire :
- de quitter un lieu, un emploi, une dynamique relationnelle ou un schéma de pensée
- de prendre soin d’une partie oubliée ou blessée de nous-mêmes
- ou encore de réaffirmer nos besoins, nos limites, notre valeur
Comment écouter sa colère sans se laisser emporter ?
Revenir au corps :
comme le propose Peter Levine, prends un moment pour sentir où la colère s’exprime en toi. Est-ce une chaleur ? Une pression ? Une tension dans la gorge ou les poings ? Reste avec la sensation sans chercher à la fuir ou à la contrôler.
Respirer avec :
ne bloque pas ta respiration. Inspire et expire lentement, et accompagne ce que tu ressens avec douceur. L’idée n’est pas de faire disparaître la colère, mais de l’aider à circuler sans qu’elle te submerge.
Lui parler :
tu peux intérieurement lui dire : « Je t’écoute. Tu veux me dire quoi ? »
Parfois, une image, un souvenir ou une clarté surgissent. Fais confiance au langage du corps.
Exprimer autrement :
écrire, marcher, bouger, crier dans un coussin… Tout ce qui permet une décharge saine et consciente est bienvenue. Cela n’a rien d’égoïste ou de violent. C’est prendre soin de soi.