Comment accompagner votre bébé dans ses apprentissages ?

Published by Camille et Olivier on

Cette semaine nous accueillons Antoine et Carole du blog Éduquer différemment … qui sont vraiment sur la même longueur d’ondes que nous ! Dans cet article, vous découvrirez comment accompagner votre bébé dans ses apprentissages et soutenir sa soif de découvertes !

accompagner-enfant-dans-ses-apprentissagesEn tant que parent, il est naturel d’avoir envie que son enfant apprenne le plus tôt possible. On ne veut pas qu’il soit en “retard”. L’esprit de compétition est ancré en nous dès notre plus jeune âge. Que ce soit à l’école où les enfants se comparent entre eux à travers leurs notes ou les devoirs ou tout simplement avec la famille, les comparaisons sont partout.

Et même nous, en tant que parent, nous “évaluons” notre enfant par rapport aux autres : “Mon bébé ne marche pas encore à 18 mois, est-ce qu’il est normal ?“, “Ton bébé ne sait pas mangé tout seul ? Le mien il savait déjà au même âge”, “Ce bébé fait pleins de choses avec ses parents, pas le mien, il va apprendre plus vite”, etc.

Mais ce que l’on sait moins c’est que pousser son bébé à apprendre est inutile. Ils ont tous une envie d’apprendre innée.

Quelques idées préconçues…

Faut-il apprendre à son bébé ?

Il n’est pas nécessaire d’enseigner aux enfants car ils apprennent spontanément. […] Les enfant montrent une forte détermination à apprendre et semblent tirer une immense satisfaction de voir grandir leur compétence (White, 1959) Mon bébé comprend tout, Aletha Solter

Comme l’indique ce passage tiré du livre Mon bébé comprend tout, les enfants ont une faculté naturelle à apprendre du monde qui les entoure.

En tant que parent vous n’avez pas à enseigner à votre enfant. Assurez vous seulement de lui proposer des activités ou des jouets adaptés à son stade de développement. Votre enfant saura en tirer pleinement parti. Lorsqu’il aura fait le tour du jouet il cessera simplement de l’utiliser. Vous saurez alors qu’il faut lui en proposer un nouveau. Choisissez le légèrement différent afin qu’il ait des repères mais qu’il ait aussi de la nouveauté.

L’enfant a-t-il besoin d’obtenir des récompenses pour apprendre ?

Comme nous venons de le voir, les enfants ont une faculté innée à apprendre du monde qui les entoure. Ainsi il n’est nullement nécessaire de les pousser en leur offrant des récompenses. Au contraire, les récompenses ont un effet contre productif sur l’apprentissage des enfants. Il a été démontré (Lepper et coll, 1973) qu’après avoir donné une récompense à un enfant pour avoir réalisé une activité, son intérêt pour cette même activité diminue si on cesse de le récompenser par la suite. Alors que si aucune récompense n’a jamais été donnée l’intérêt reste identique.

En d’autres termes, au lieu d’inciter l’enfant à faire quelque chose, la récompense a l’effet inverse sur le long terme.

« Les enfants retirent une immense satisfaction à voir grandir leurs compétences, bien plus que ne pourrait leur en apporter une récompense. » Mon bébé comprend tout, Aletha Solter

« C’est bien mon bébé ! » ?

Beaucoup de parents lorsqu’ils sont contents de ce que vient d’accomplir leur enfant les félicitent. Tu as fais un beau dessin, c’est bien!

Ces petites phrases anodines ne le sont pas tant que ça. Elles apportent un jugement sur ce que fait l’enfant là où il n’y en a pas besoin.

Par exemple, la phrase « Tu as fais un beau dessin, c’est bien ! » peut être interprétée par l’enfant comme un beau dessin c’est bien, un dessin pas joli (selon le parent) c’est mal. La prochaine fois qu’il dessinera il aura une pression supplémentaire, la peur de mal faire son dessin. Est-ce nécessaire de lui infliger cela dans une activité qui ne devrait être que du plaisir? Il ne s’agit que d’un dessin. Il n’y a pas de bons ou mauvais dessins.

Plutôt que d’apporter un jugement de valeur contentez vous de décrire objectivement. Par exemple pour reprendre l’exemple du dessin, la réponse aurait pu être « Tu as dessiné notre maison avec maman et papa dans le jardin. Et toi où es-tu? »

Vous pouvez également donner votre opinion : « J’aime les couleurs de ton dessin, elles me rappellent nos vacances en Italie. »

Vous ne jugez pas son activité. Il n’a pas bien ou mal fait. Il a juste fait. Votre enfant ne craindra pas votre jugement la prochaine fois.

Les périodes sensibles

Qu’est-ce qu’une période sensible ?

Dans la pédagogie Montessori, il existe la notion de périodes sensibles. Ce sont des périodes pendant lesquelles un enfant est prédisposé à acquérir une compétence (la plus connue est la période du langage, elle se situe entre 0 et 6 ans). Durant ces périodes l’enfant acquiert presque inconsciemment et sans effort une nouvelle capacité. Il est absorbé par ce qu’il fait, concentré sur sa tâche et s’il n’est pas dérangé il peut rester à jouer de longues minutes.

Trouver les bons jouets

Enfant-et-apprentissage

Afin de satisfaire l’envie d’apprendre de votre enfant, vous devez être attentif à ses envies. Pour prendre notre exemple, notre fille est très attirée, en ce moment, par déposer et retirer les objets d’un contenant. Ayant remarqué cela, nous lui avons proposé des activités à base de transvasement. Dans une de ces activités nous lui avons présenté deux bocaux, un vide et un contenant des haricots secs. Elle s’est amusée au moins une heure à les regarder, les prendre, les jeter…

Dans le bain, elle a également de petites bouteilles vides qu’elle s’amuse à remplir et à vider.

Tout ce que vous avez à faire, c’est d’observer votre enfant et de lui proposer des jeux en relation avec ses envies du moment. Pas besoin d’acheter des jouets compliqués (au moins jusqu’à 3 ans), les objets du quotidien peuvent très bien faire l’affaire.

Activité de transvasement faite maison !

Laisser l’enfant diriger le jeu

D4DmRwRTb5RxVoTTLggEj7gQJykhsYT9SCXocZOzmD4Pour développer son imagination et son esprit d’entreprise il est important que l’enfant dirige le jeu.

Vous pouvez jouer avec lui, il vous le demandera sûrement d’ailleurs, mais ne lui imposez pas votre vision du jeu. Ne lui dites pas quel jouet utiliser ni comment jouer avec celui qu’il a choisi (sauf s’il vous le demande), laissez le faire. Il est bien plus instructif pour lui de découvrir seul comment le jouet fonctionne plutôt que de vous voir faire. Peut-être même qu’il vous apprendra une façon bien plus rigolote de l’utiliser que l’originale 😀

Enfin, il est important que votre enfant résolve ses difficultés par lui-même. Résistez à l’envie de l’aider à la moindre difficulté. La joie que lui procurera le fait d’avoir trouver la solution seul sera bien plus importante que si vous l’aidez. À moins que la tâche ne soit trop difficile ou qu’il vous le demande, ne l’aidez pas.

Nous espérons que ces quelques techniques vous permettront d’accompagner, en douceur, l’envie d’apprendre de votre enfant. L’essentiel est de rester à son écoute et de lui proposer des jeux en adéquation avec ses envies.

Faites vous confiance!

Crédit photos par Éduquer différemment


13 Comments

Cécile · 3 novembre 2015 at 19 h 02 min

Je suis tellement d’accord (et j’ajouterais même que ça s’applique aux enfants plus grands aussi… y compris (et surtout) les jouets compliqués). Tant qu’on s’appuie sur leurs envies du moment (périodes sensibles oui), ils apprennent facilement et en s’amusant.
C’est tellement dommage que tout ça ne soit pas appliqué à l’école (et je ne blâme pas les professeurs des écoles)…

Ravie de découvrir votre blog, je vais le parcourir avec attention (en particulier sur votre rubrique jeux et activités, des fois que j’y déniche des pépites pour mes lecteurs ;))

Alexandra · 3 novembre 2015 at 19 h 11 min

Bonjour,

Merci pour cet article.

Les enfants se développent et apprennent seuls. Les seules choses que nous puissions faire pour les aider est de les observer pour détecter les périodes sensibles pendant lesquelles ils sont intéressés par un apprentissage et mettre à leur disposition tout ce qui peut les aider à apprendre seul (Aide-moi à faire seul, dirait Maria Montessori). J’adore les voir se « dépatouiller » seuls et la fierté qu’ils éprouvent quand ils comprennent et apprennent par eux-mêmes. J’ai publié 2 articles sur la confiance et l’autonomie des apprentissages autonomes sur mon blog http://parents-heureux-enfants-heureux.com.

    Antoine - Éduquer Différemment · 4 novembre 2015 at 13 h 31 min

    Oui Alexandra, c’est vraiment réjouissant de les voir concentrés sur leur tâche et fier de nous montrer ce qu’ils ont réalisés ensuite

oops · 4 novembre 2015 at 4 h 48 min

Pour aller plus loin sur ce thème des apprentissages informels, je vous conseille le film de Clara Bellar, Etre et Devenir.
http://www.etreetdevenir.com
Car ces principes sont valables à tout âge, pour la marche, mais aussi la lecture, les maths, etc… Et plus tard, en tant qu’adulte aussi !

Déborah · 4 novembre 2015 at 8 h 40 min

Parfaitement en accord avec cet article :)! Et comme « Oops », j’irai moi aussi plus loin dans cette réflexion et vous invite à visionner le documentaire « Être et devenir » qui est tout à fait enthousiasmant et rassurant sur l’importance des apprentissages autonomes et la confiance à accorder à nos enfants…tout au long de leur vie!
Plusieurs articles y font référence sur mon blog, je vous laisse les découvrir si cela vous intéresse: http://lejournaldetitouan.blogspot.fr/
Bonne journée 🙂

Julien · 4 novembre 2015 at 13 h 51 min

Bon article,

J’aime bcp votre conseil qui vise à limiter les jugements de valeur « c’est bien ou c’est mal » et à les remplacer par des commentaires plus descriptifs ou des opinions personnelles. Pas toujours facile de remplacer certaines habitudes déjà prises, mais c’est important.

La capacité d’apprentissage des jeunes enfants est juste prodigieuse, même en comparaison de celle des adultes.

Quel adulte serait capable d’apprendre autant de gestes, ou encore de mots sur une période si courte, parfois même en plusieurs langues ?

Leur faculté d’apprentissage est fascinante, quoique très différente de la nôtre. Elle inspire justement respect et bienveillance.

Bonne continuation

Alyssa · 4 novembre 2015 at 20 h 13 min

Article interessant MAIS je met un bemol. Tout ceci est vrai avec un enfant normal. Ou si vous preferez neurotypique. Il doit il y avoir une nuance entre s’inquieter car Maxime ne mange pas seul à 18 mois, ho my god, sa cousine parle deja au meme age, ho my god , qu’est ce qye je vais en faire? Et mon gamin ne reagit VRAIMENT pas comme les autres. Tous les enfants sont differents, mais certains le sont pour de vrai! C’est ce que j’avais ecrit à l’ancien pédiatre de mon fils. Depuis ses 4 mois, j’ai senti une difference. Il a fallut attendre ses 14 mois pour être prise aux serieux. Et pas par tous…

Mino - Maman Minimaliste · 23 novembre 2015 at 14 h 07 min

J’essaie beaucoup d’éviter les « c’est bien/c’est beau » avec mon 2è fils. Malheureusement, je ne connaissais pas pas ça avec mon aîné, qui me demande à chaque fois : « est-ce que c’est bien/beau maman? », il est toujours en quête d’appréciation extérieure et c’est très difficile de changer sa façon de penser.

    Antoine - Éduquer Différemment · 25 novembre 2015 at 12 h 06 min

    Mino, la prochaine fois qu’il vous demande si vous trouvez ça beau ou bien, vous pouvez essayer de lui dire « et toi, est-ce que tu es content de toi ? » puis de lui expliquer que l’important est qu’il soit lui même fier de lui.

Angélique Mathieu-Tanguy · 28 mai 2016 at 16 h 53 min

Je ne me serais jamais doutée qu’il valait mieux ne pas dire à un enfant que son dessin est beau. J’ai appris quelque chose.

Le coup de demander à un enfant s’il est content de quelque chose qu’il a fait, et pour lequel il demande une appréciation pour savoir si c’est bien ou beau est très judicieux.

Leur réponse sera d’ailleurs souvent « Oui moi j’aime bien » en général. 🙂

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