Pourquoi définir les règles en famille !

Published by Camille et Olivier on

Dans chaque famille, des règles sont mises en place. Sont-elles décidées et imposées par les parents ou sont-elles discutées ? Tout le monde sait-il à quoi elles servent ? Cela vaut-il la peine de les remettre en cause ?  

Autant de questions auxquelles Coralie, créatrice du blog Les 6 doigts de la main, vous propose de répondre dans ce nouvel article ! 

 

 

Définir les règles en famille… qui définit les règles ?  

Selon les familles, les règles peuvent être définies par les parents seuls, voire par un seul des deux ! – ou décidées ensemble, d’un commun accord.  

Et ces cas-là peuvent encore présenter des subtilités : les règles décidées par les parents sont-elles expliquées, ou attend-on des enfants une obéissance aveugle, quitte à ce qu’ils y perdent tout sens de responsabilité 

En fait, cette définition unilatérale ou non de la règle est dans une certaine mesure révélatrice de l’approche éducative du parent : sommes-nous dans un modèle de relation verticale, dans laquelle le parent décide ce qui est bien et mal, en fonction de ce qu’il juge être bien ou mal, sans écouter le point de vue ou les envies des enfants ; ou sommes-nous dans une relation horizontale, dans laquelle nous faisons confiance à nos enfants pour pouvoir décider des règles avec nous ? 

Je précise “dans une certaine mesure”, car il ne faut pas négliger la force de l’habitude. La corde de rappel de notre propre éducation.  

Nous avons beau avoir une belle vision de la relation à nos enfants en tête, nous tombons régulièrement dans le piège du fonctionnement « classique », sans même en être conscients ! C’est tout à fait normal, et le but de cette réflexion est de nous aider à aborder les choses en conscience pour mieux les changer… 

 

Lavantage de définir les règles en famille : avec les enfants 

Lorsque les enfants sont impliqués dans la définition des règles, il y a bien plus de chances qu’ils les suivent, les respectent, au premier sens du mot « respect ».  

En effet, dans cette démarche de définition, il faudra d’abord écouter le point de vue de chacun, écouter les sentiments et les besoins de tous, pour que les règles conviennent à tous.  

Ainsi, non seulement ces règles conviendront effectivement, mais surtout, l’enfant se sent inclus.  

Il est écouté, il est respecté. Nous répondons ainsi à son besoin d’appartenir et d’avoir de l’importance, et il y a alors beaucoup plus de chances qu’il soit enclin à coopérer. (Exactement comme dans le milieu professionnel, d’ailleurs !) 

D’autre part, toujours au cours de cette démarche, nous aurons pu nous-mêmes expliquer nos sentiments et nos besoins. Et cela aura contribué à développer l’empathie de nos enfants. Ils comprendront alors pourquoi ces règles sont importantes pour nous, et, se sentant en lien avec nous, auront probablement à cœur de contribuer 

L’empathie est la clef. C’est elle qui fera que nos enfants respecteront nos limites, sans que nous ayons à recourir à des punitions ou des récompenses, méthodes de contrôle extérieur pur.  

 

Être au clair avec les règles qui comptent pour nous 

Avant d’en arriver à la discussion des règles avec les enfants, il s’agit déjà d’être clairs par rapport à nous-mêmes : quelles sont les règles qui sont importantes pour nous ? Pourquoi ? Sur lesquelles sommes-nous plus prêts à transiger ?  

Selon Catherine Dumontheil-Kremer, il existe trois types de limites ou de règles 

  • les règles souples et négociables 
  • les conventions, traditions de famille, et valeurs 
  • les lois écrites 

Quelles sont les règles qui pour nous sont immuables, et celles qui peuvent rester souples ?  

Cela dépend des familles, et, comme le précise la liste ci-dessus, de nos traditions… 

Notre famille vit à l’étranger depuis plusieurs années. Cette expatriation a forcément pour conséquence de repenser au moins un peu son mode d’éducation. Et en particulier à remettre en cause certaines règles qui nous semblaient aller de soi, et qui, finalement, dépendent du contexte culturel !  

Alors, plutôt que de suivre des règles pour la simple raison que cela a toujours été ainsi, peut-être pouvons-nous nous poser la question : y tenons-nous vraiment ?  

Je porte en ce moment cette interrogation en moi par rapport à se lever de table pendant le dîner. C’est une règle que je crois importante, et j’ai pourtant un mal fou à faire en sorte qu’elle soit respectée. Pourquoi ?  

Peut-être simplement parce que je ne le modèle pas !! “Forcée” de me lever pour aller chercher le plat suivant, la cuillère qui manque, etc… je ne reste moi-même pas à table.  

Alors… est-ce vraiment important pour moi ? Pourquoi ne veux-je pas renoncer à cette règle ? Si j’y réfléchis vraiment (et cet article aura au moins fait réfléchir une personne – moi ! ^_^), je me rends compte que ce qui est important pour moi, c’est le moment en famille.  

Est-ce que les mouvements empêchent le partage ? Si un enfant se lève pour jouer une scène de la journée, cela fait partie de ce partage, non ?  

Écrire ces mots me permet de comprendre que je devrais soulever cette question lors de notre prochaine réunion familiale : que pensent les autres de nos dîners en famille, et de l’intérêt de cette règle ?   

Je viendrai vous raconter… 

 

Limportance davoir des règles 

Ce point seul nécessite une discussion avec nos enfants ! 

En effet, pourquoi avons-nous des règles, dans une famille, dans une école, dans une société ?  

Cet échange sur les raisons derrière les règles fait partie de la première étape proposée par la démarche de discipline positive en classe 

Et encore.. même pas en fait. La démarche propose de procéder carrément dans le sens contraire : partir de “De quoi avons-nous besoin pour que cette classe soit agréable pour tout le monde ?” et de là naissent naturellement les règles de vie !  

Seulement voilà, ce mode de fonctionnement est tellement rare que nos enfants, comme nous, sont déjà conditionnés aux règles imposées.  

Ainsi, lors de ma première intervention en classe, dans une démarche de discipline positive en soutien à la maitresse de CE1, les règles existaient déjà. J’ai donc demandé aux enfants les raisons pour lesquelles ces règles existaient. Première réponse : “parce que sinon, on sera puni.”. Et voilà exactement ce qu’on leur a enseigné !  

Seulement, s’ils n’obéissent à la règle que par la peur de la punition, il y a fort à parier que la règle ne sera pas suivie s’ils sont certains de ne pas se faire “prendre”… 

L’idée est donc de créer un échange autour des raisons autour des règles. L’importance des limites pour que tout le monde profite des espaces, pour que tout le monde se sente bien, et respecté. Plus les enfants pourront réfléchir d’eux-mêmes à ces raisons, plus ils seront convaincus du bienfait des règles de vie.  

 

Dans la pratique, comment cela se passe-t-il ?  

Cette envie de coopérer : eux avec nous, et nous avec eux, passe d’abord et avant tout par le dialogue.  

Bien sûr, au début, l’enfant ne parle pas, et est entièrement dépendant de ses parents. Il aura besoin d’un cadre, et de routines qui l’aideront à se repérer.  

Cependant, il nous appartient de trouver le juste équilibre, et de lui lui donner de plus en plus de lest, pour qu’il prenne sa place dans notre relation, pour qu’il ait l’espace de trouver ses propres limites.  

Notre rôle de parent est celui de guide, et nous essayerons le plus vite possible de l’encourager à prendre ses propres décisions.  

Ensuite, le contexte de définition de la règle à proprement parler dépend de la règle en question. S’il s’agit de règle de vie, comme le cas soulevé précédemment du comportement à table, on peut soulever la question en réunion familiale. Si la règle ne concerne qu’un enfant, ou une partie d’un groupe d’enfants (j’en ai 4, d’âges bien différents…), il vaut mieux ne pas convier tous les enfants à la conversation.  

Dans tous les cas, on choisira un moment calme, où chacun est disponible, tant physiquement qu’émotionnellement. Si l’un est en colère (que ce soit l’enfant ou le parent), la conversation ne mènera à rien.  

Ensuite, nous commencerons par évoquer le contexte, et le but recherché. Nous échangerons autour des contraintes de chacun, des besoins de chacun.  

Puis nous réfléchirons à ce qui pourrait être mis en place.  

Les règles ainsi définies ne sont pas gravées dans le marbre. La conclusion de cette discussion sera souvent : “On essaye pendant une semaine, et on voit ce que ça donne.” 

Parfois ça marche dès le premier coup, parfois il faudra affiner !  

Quelle que soit la situation, nous aurons aidé notre enfant à grandir, et lui aurons montré à quel point il était important pour nous, en l’impliquant dans le fonctionnement de notre maison. 

 

Quelques exemples concrets 

Cette démarche marche à tout âge, et, pour vous l’illustrer, je choisis savamment mes exemples, sur les différentes tranches d’âge de mes enfants.  

1- Avec mes fils de 5 et 3 ans 

Un jour que j’en ai eu vraiment assez de l’énergie à dépenser pour le rangement du salon, j’ai décidé d’aborder les choses autrement.  

J’ai pris un papier, et j’ai dit : “Léon, Anatole, j’ai besoin de votre aide. Que pensez-vous que nous pourrions faire pour que le salon soit un endroit agréable pour tous ?” 

Différentes idées sont nées, que j’ai scrupuleusement notées. Celle qui m’intéressait le plus était évidemment “ranger”, spontanément proposée par Léon ! 

J’ai donc creusé ce point, demandant s’il était envisageable de ranger en continu (non !), et à quel rythme vaudrait-il mieux ranger (une fois par jour), comment on pouvait s’en souvenir… 

On a finalement conclu (et écrit) que le rangement serait fait tous les soirs au coucher du soleil (nous vivons dans un pays où cette heure varie assez peu).  

Pendant plusieurs semaines, il m’a suffi de dire “Les garçons, le soleil se couche !” pour que le rangement commence !!! 

Ensuite, nous avons encore eu des difficultés, les vacances ayant chamboulé nos routines, et aujourd’hui, de nouveau tout va mieux. Cela me permet de préciser que ces démarches, pour puissantes qu’elles sont, ne sont pas non plus la garantie d’un chemin sans détour !!  

2- Avec ma fille de 10 ans et son copain 

L’année dernière, je faisais des séances de cours de français avec Alice et un copain. (Nous vivons à l’étranger et faisons le français avec le CNED).  

Un jour (après ma formation de discipline positive en classe), au lieu de travailler le français, nous avons discuté de ce qui permettrait de rester sereins pendant les cours. L’un des problèmes soulevés était leur envie de partager les anecdotes qui n’avaient aucun rapport avec le sujet étudié !  

Plutôt que d’imposer qu’ils ne bavardent plus sans écouter l’envie qui créait le bavardage, nous avons échangé sur le fait que c’était difficile pour eux de ne pas raconter ces histoires ! Finalement est née l’idée suivante : que chacun ait un papier de brouillon sur lequel il noterait les idées qui lui venaient, et que nous arrêterions le cours 5 minutes avant pour se dire ce qui y était noté.  

Ça a été très efficace !! 

 

3- Avec notre fils de 14 ans 

Lorsque l’enfant devient adolescent, cette démarche devient d’autant plus fondamentale. En effet, l’indépendance de notre enfant lui permet alors de suivre les règles qu’il veut, même si ce ne sont pas celles que nous fixons ! Alors autant les fixer avec lui, pour, en cas de problème, le mettre face, non pas à une désobéissance, mais à une responsabilité.  

C’est alors une relation tout à fait différente !  

Ainsi, lorsque nous nous sommes rendus compte que l’activité d’Oscar empiétait sur le reste, nous en avons discuté avec lui, pour l’encourager à se fixer ses propres limites. Pas pour nous : pour lui. Limites que nous pouvions l’aider à mettre en place, mais qui ne seraient pas imposées.  

L’idée centrale : nous sommes dans son équipe !  

 

Voilà, j’espère que toute cette réflexion sur les règles vous encouragera à y réfléchir. Comment cela se passe-t-il chez vous ? Écoutez-vous le point de vue des enfants ? 

Racontez-nous en commentaire ! 


8 Comments

Nataly · 13 février 2018 at 10 h 43 min

Merci pour tous ces éclaircissements….mon fils de 18 ans me reproche aujourd hui de ne pas l écouter et d’avoir toujours décidé pour lui…il refuse systématiquement de suivre mes conseils car ll les prends comme des ordres et après une altercation avec mon compagnon et moi , je me rends compte qu il a enfin eu la force de tirer la sonnette d alarme sur la situation.
Je me rends compte que les règles établies découlent d’une relation verticale et provient de mon éducation.
Je veux y remédier pour retrouver une relation calme , apaisée et riche d échanges et de responsabilités .
J ai eu une discution avec lui et nous avons pu nous ecouter Et nous entendre mutuellement…il a fait preuve d’une certaine maturité et j en suis heureuse. Maintenant , nous devons continuer sur ce chemin pour récolter les fruits dans l avenir.

    Coralie · 13 février 2018 at 19 h 10 min

    Nataly,
    Je vous félicite pour cette remise en question, qui n’est certainement pas facile.
    Vous avez aujourd’hui la bonne attitude : celle de privilégier la relation.
    Ce n’est qu’en se reconnectant avec votre fils que vous pourrez entrer dans un réel échange avec lui.
    L’écoute est probablement la clef pour cela. Je vous souhaite un chemin plus serein dorénavant…

evan boissonnot · 13 février 2018 at 21 h 03 min

Bonjour Coralie

Je te remercie pour cet article sur le blog des super parents : il est très pertinent et très bien construit.

Avant même la mise en place de règle, quelles soient définies en famille ou non, il est essentiel d’arriver à créer un climat, une culture familiale.
Sinon les enfants, les parents ne voudront pas se respecter, et les règles resteront écrites et figées par les parents.

D’où l’importance d’écrire ensemble une charte de famille (comme on peut en trouver en entreprise libérée, bienveillante) :
https://www.papa-et-patron.fr/force-de-charte-dentreprise-appliquee-a-maison/

Au plaisir
Evan

Chang ParentaliteZen · 2 mars 2018 at 9 h 25 min

C’est clair que la collaboration est un atout de folie pour ceux qui veulent mettre en place une parentalité moderne.

Personnellement je m’inspire beaucoup de ce qui dit Jane Nelsen dans la Discipline Positive. Pour les curieux, les points fondamentaux sont résumés ici :
https://www.parentalitezen.com/discipline-positive/

La liste élaborée ensemble peut même servir autrement. En début de vacances par exemple, je lui fais noter sur une feuille tout ce qu’il a envie de faire, ça permet de se projeter et de se faire un programme plaisir qui allie ses envies ET ses « tâches » telles que les devoirs ou ranger sa chambre.

cup · 15 juillet 2018 at 20 h 23 min

Merci! Vous avez écrit un très bon article!

Tiana · 17 juillet 2022 at 4 h 17 min

Merci pour cet article et pour le petit guide. Enfin un homme qui parle de parentalite. Je vais pouvoir partager avec mon conjoint, il entendra peut-être mieux si ça vient d’un autre homme. Merci ,)

    Julie · 18 juillet 2022 at 8 h 31 min

    On croise les doigts Tiana ! ❤️
    Bien à vous,
    Julie – Equipe Les Supers Parents

Pourquoi et comment encourager nos enfants à cuisiner ? · 26 mars 2018 at 10 h 00 min

[…] C’est finalement le même principe que lorsque nous les impliquons dans la définition des règles de la maison. […]

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